J’étais enceinte d’un peu plus de 9 semaines quand la nouvelle est tombée. « Son coeur ne bat plus, la grossesse s’est arrêtée… »
Je crois qu’on est jamais prêt à vivre ce genre de nouvelles.
Mon coeur de maman pleure ce bébé qui ne viendra pas. Ce bébé qui faisait déjà tellement partie de la famille à sa manière.
« Je veux qu’on remette le bébé dans le ventre à maman ». C’est la dernière phrase que mon petit garçon a dit à ce sujet.
On parle peu de ce sujet tabou, mais pourtant si réel à vivre.
Je crois qu’on est jamais prêt à vivre ce genre de nouvelles.
Mon coeur de maman pleure ce bébé qui ne viendra pas. Ce bébé qui faisait déjà tellement partie de la famille à sa manière.
« Je veux qu’on remette le bébé dans le ventre à maman ». C’est la dernière phrase que mon petit garçon a dit à ce sujet.
On parle peu de ce sujet tabou, mais pourtant si réel à vivre.
La plus belle des nouvelles
Il y a quelques semaines, nous avons appris cette merveilleuse nouvelle qu’on attendait depuis 20 longs mois. Je suis enceinte ❤️ Juste au moment de notre départ en vacances, comme pour notre premier enfant. C’est trop beau. Comme si l’histoire se répétait, comme si ce bonheur qu’on avait déjà vécu une fois se rejouait. On y croit, tout s’aligne, enfin. Nous allons pouvoir partir en vacances avec cette merveilleuse nouvelle. Qu’on a d’ailleurs tout de suite annoncé à nos parents respectifs (ou plutôt que notre petit garçon a annoncé :). Ils savaient qu’on désirait avoir un deuxième enfant depuis un moment, c’était évident pour nous qu’on allait les prévenir en premier. Nos amis proches sont aussi au courant très vite. Nous partons en Suède avec cette merveilleuse nouvelle dans notre cœur.
Quand les choses se compliquent
Tout va merveilleusement bien. Et puis un soir je tombe malade. Un genre de fièvre avec de gros soucis digestifs. 48h après j’ai des petits saignements. Même si on me répète que c’est très fréquent au début, intérieurement j’ai du mal à rester sereine. Mon médecin est rassurant. Nous rentrons de Suède plus tôt que prévu pour faire une visite de contrôle. À ce moment-là tout indique que la grossesse est là, nous devinons déjà le bébé même s’il est très petit à ce stade. Finalement nous arrivons à stabiliser la situation. Tout va bien ♥ À la deuxième échographie, je vois son petit cœur battre. Tout est ok même s’il est toujours un peu petit par rapport à ce qu’il devrait être.
Je savoure ce moment mais en même temps je ressens au plus profond de moi que quelque chose n’est pas normal. On n’arrête pas de me dire de penser positif. Mais tout mon corps reste inquiet. Toutes ces étapes me paraissent être une éternité. Je dois juste attendre sans savoir réellement si tout va bien ou pas.
C’est dans ce genre de moment qu’il est difficile de garder confiance. Mais je me relie au fait que je fais confiance à mon corps.
Ce bébé est clairement venu m’enseigner la patience, dans tous les sens du terme.
C’est dans ce genre de moment qu’il est difficile de garder confiance. Mais je me relie au fait que je fais confiance à mon corps.
Ce bébé est clairement venu m’enseigner la patience, dans tous les sens du terme.
A l’échographie des 9 semaines, tout bascule. La veille, je me sens mal, très fatiguée, il y a un changement hormonal, je le sens. Je commence à perdre du sang de nouveau, mais juste un peu. Nous ne voyons pas grand-chose à l’échographie standard, alors nous passons par une échographie pelvienne. À ce moment-là je sais très bien ce que ça signifie. À ce stade de la grossesse, j’aurais dû le voir clairement avec son petit cœur qui bat… En voyant l’écran, le médecin n’a rien besoin de me dire. Je vois parfaitement qu’il n’y a plus de cœur. Les mots le confirment : « La grossesse vient de s’arrêter, je suis désolé ». J’ai la sensation de ne plus être dans la réalité. J’en étais sûre mais je n’arrive pas à y croire. Même si je comprends tout de suite que c’est fini. Je rentre anéantie et j’ai l’impression que personne ne comprend ce que je suis en train de vivre au fond de moi.
Une fin que je ne suis pas prête à vivre et la magie qui l’accompagne
Très vite il faut repartir dans le concret. Comme mon corps n’a pas l’air d’être prêt à faire sortir « ce bébé » et que nous sommes déjà pas mal avancé dans la grossesse, nous programmons une intervention pour l’enlever. C’est trop pour moi. Finir cette grossesse avec une opération sous anesthésie générale. Je suis désemparée, en colère de devoir subir ça et de devoir infliger cette opération à mon corps. Ma première grossesse s’est terminée au bloc, en césarienne. J’ai eu du mal à l’accepter. L’idée de devoir y repasser pour un bébé qui cette fois ne viendra pas, c’est trop pour moi à encaisser.
Je n’ai pas le choix, alors je lâche et me dit que c’est ainsi. Et puis de petites contractions démarrent, la veille au soir de l’intervention programmée. Je retrouve l’espoir qu’il puisse partir « naturellement ». J’insiste sur le fait que le travail a commencé, les médecins sont d’accord d’essayer par médicaments, même si on me prévient que ça peut être plus long et éprouvant émotionnellement (on m’avait conseillé l’intervention car il était à la limite de la taille qui permet une expulsion par médicaments). Je le sais, mais ce qui est le plus dur à vivre pour moi aujourd’hui, c’est de terminer par une opération où on m’enlève brusquement cette grossesse. Alors je me relie à mon corps. Pour la césarienne j’avais lâché l’affaire, mais cette fois il est hors de question que je laisse tomber. On va le faire ensemble. On va faire sortir ce « bébé ». Alors je me mets dans ma bulle, dans le noir, je me connecte à mon corps, et je coupe tout pour être dans les même conditions qu’un accouchement. Et finalement il sortira simplement quelques heures plus tard.
Merci mon corps. Merci d’y avoir cru. Merci à ce petit être de nous avoir suivi. Un moment dur à vivre, seule aux toilettes de l’hôpital, mais en même temps une grande étape pour mon deuil. À ce moment-là je vois par mes propres yeux que j’étais enceinte et que je ne le suis plus. Je réalise qu’il n’y aura pas de retour en arrière possible. C’est dur mais je remercie mon corps. Je sais que la vie est bien faite d’une certaine manière. Je pleure mais je suis soulagée.
Merci mon corps. Merci d’y avoir cru. Merci à ce petit être de nous avoir suivi. Un moment dur à vivre, seule aux toilettes de l’hôpital, mais en même temps une grande étape pour mon deuil. À ce moment-là je vois par mes propres yeux que j’étais enceinte et que je ne le suis plus. Je réalise qu’il n’y aura pas de retour en arrière possible. C’est dur mais je remercie mon corps. Je sais que la vie est bien faite d’une certaine manière. Je pleure mais je suis soulagée.
Vivre chaque moment à fond
Ce sont des moments difficiles. Des moments où on a l’impression que personne ne nous comprend.
Que c’est dur d’être face à l’arrêt de la vie dans ce moment qui est normalement remplie de vie.
Que c’est dur d’être face à l’arrêt de la vie dans ce moment qui est normalement remplie de vie.
Ca m’a fait beaucoup réfléchir sur le fait d’annoncer sa grossesse ou pas avant 3 mois. Finalement est-ce que je regrette ? Pas du tout. Même si je savais qu’avant ce fameux cap la situation avait plus de probabilités de changer. Finalement je crois que le plus juste reste de faire comme on le sent sur le moment. On a tous un moment qu’on sent juste. Et je pense même que c’est différent pour chaque grossesse.
Pourquoi ne pas partager ce bonheur intense que l’on est en train de vivre ? Pourquoi est-ce qu’il faut toujours se retenir par prévention ? Pourquoi est-ce que l’on a si peur de ce qu’il pourrait se passer de mal ? C’est dur d’ouvrir son cœur, mais en même temps je crois profondément que c’est une des plus belles choses que l’on puisse faire. Combien de fois on nous annonce une fausse couche alors qu’on ne savait pas qu’il y avait une grossesse. Comme si la perte avait plus de sens. Comme s’il fallait se retenir du bonheur potentiel qu’on peut vivre.
Je me suis sentie tellement moins seule de pouvoir partager cette épreuve aux personnes qui le savaient.
Tout ça me rappelle à quel point j’ai juste envie de vivre chaque moment à fond, et ce moment en fait partie.
Je me suis sentie tellement moins seule de pouvoir partager cette épreuve aux personnes qui le savaient.
Tout ça me rappelle à quel point j’ai juste envie de vivre chaque moment à fond, et ce moment en fait partie.
Merci à ce bébé de m’avoir enseigné la patience jusqu’au bout. Merci de m’avoir montré qu’une certaine magie est là même dans les moments plus difficiles. Merci d’avoir guéri la blessure d’impuissance qui restait de mon premier accouchement. Merci de m’avoir montré qu’il faut se faire confiance. Merci de m’avoir fait ressentir que je sais me connecter à mon corps.
Et surtout merci de m’avoir transmis qu’il faut lâcher le contrôle. Rien ne se contrôle, et certainement pas la vie.
La magie de la vie n’est là que si on est connecté à la magie du moment.
Cette magie, je l’ai ressenti dans cette fin de grossesse, et je la ressens encore plus aujourd’hui.
Suivre son coeur… Toujours.
Et surtout merci de m’avoir transmis qu’il faut lâcher le contrôle. Rien ne se contrôle, et certainement pas la vie.
La magie de la vie n’est là que si on est connecté à la magie du moment.
Cette magie, je l’ai ressenti dans cette fin de grossesse, et je la ressens encore plus aujourd’hui.
Suivre son coeur… Toujours.
Edit 15 septembre : Pour celles qui l’ont vécu. Un reportage a été publié par la RTS sur ce sujet, et relayé par l’association Deuil’s. Pour que la « fausse couche » devienne « La fin d’un tabou » : https://deuils.org/fausses-couches-la-fin-dun-tabou/